Au 16ème siècle, Louis XII, roi de France, cousin et successeur de Charles VIII, poursuit les guerres d’Italie, revendiquant des droits sur Naples et sur le duché de Milan. Il est bientôt chassé d’Italie.
La France s’allie puis se brouille avec l’Angleterre d’Henri VIII, le second monarque de la maison des Tudors. Avec François Ier, l’absolutisme royal se renforce. Avec le Concordat de Bologne, le roi nomme désormais archevêques, évêques et abbés. Il occupe le Milanais après la victoire de Marignan (1515) on y verra divers seigneurs de la région. Bientôt François Ier affronte Charles Quint (Charles 1er d’Espagne promu empereur).
La Provence subit deux invasions des troupes des Impériaux de Charles Quint. Les troubles et pillages déciment la population. Lors des deux invasions Grasse et différentes places sont pillées. Andréa Doria, qui est passé au service de l'Empereur, prend plusieurs villes de la côte.
Le pape tente une réconciliation etoffre sa médiation entre François Ier et Charles Quint. François Ier s'installe au château de Villeneuve Loubet; Charles Quint s'établit à Villefranche; le pape loge au couvent Sainte-Croix de Nice. La trêve est de courte durée ; allié au sultan, François Ier attaque la place forte de Nice, les Français faisant le siège et les Turcs attaquant par la mer. C'est ici que se place la légende de Catherine Ségurane.
Français et Turcs doivent cependant lever le siège. Sous la bannière française étaient rangés divers
seigneurs de la région.
François Ier perd le Milanais mais s’allie avec les princesprotestantsallemands. Il perd la Savoie, le Piémont, ... L’Ordonnance de Villers-Cotterêts substitue le français au latin dans les jugements et actes notariés. Le roi favorise l’épanouissement de la Renaissance française, protége les savants et les écrivains. De nombreux châteaux sont édifiés (Chambord, Fontainebleau).
A Vence, la façade de l'ancien palais roman des Villeneuve conserve des traces du style Renaissance. Une maison avec porte Renaissance en est aussi le témoin.
Une nouvelle noblesse apparaît, représentée par des négociants enrichis, les hommes de loi et les familles de la grande bourgeoisie. A Antibes, des luttes d’intérêt incessantes ont lieu entre la commune et les Grimaldi.
Les noms actuels des rues des villes apparaissent et ceux des quartiers se fixent : « ferrage », « petit juas », « Grand Jas », « Roubine », « Aubarède », « Perier » ...
Grasse possède des industries savonnières, travaille le cuir, ... L’essor de la cité repose sur la tannerie et la parfumerie. Dés la fin du siècle, certains tanneurs se spécialisent dans la ganterie fine.
La Place aux Aires accueille les loges des tanneurs. Grasse connaît une grosse activité commerciale et financière ; depuis longtemps déjà, les Grassois ont crée un système de crédit.
En Provence, le massacre des Vaudois de Provence, illustre tragiquement la vivacité des questions religieuses.
La Réforme de Martin Luther puis de Calvin à Genève avive les querelles religieuses entre catholiques et protestants. Dans la région, elle a pour alliés différents seigneurs, mais certaines places sont favorables aux catholiques. Il y a un noyau de protestants dans les villes et les villages. Pour éviter les troubles, on désigne un quartier ou une rue où les réformés habitent et exercent leur culte, comme à Cannes.
Henri II , fils de François Ier, épouse Catherinede Médicis. Influencé par les Guises, il combat le Calvinisme et accroît l’autorité royale et l’administration. II renonce au Milanais et au Piémont et rend la Savoie à Emmanuel Philibert qui administre ses Etats avec talent depuis Turin. Il met ainsi fin aux guerres d’Italie. Il meurt en tournoi.
On trouve alors la première mention du Fort Royal à Sainte Marguerite. Au Suquet, l’enceinte rectangulaire sur la butte est renforcée; l’enceinte pourvue de tours descend vers la mer, et comme souvent en Provence orientale, les maisons forment extra-muros ; à la fin du siècle, on ajoutera à la chapelle un étage crénelé, encore visible, transformant ainsi l'édifice en poste fortifié.
François Ier fit procéder à la construction des remparts de Saint Paul de Vence, une enceinte bastionnée ; il fallut démolir de nombreuses maisons, ses habitants étant logés dans les hameaux voisins. Après le rattachement de la Provence à la France, les rois de France durent fortifier la ligne frontière que constitua le Var.
Antibes double la puissance de ses défenses face aux Etats de Savoie ; une citadelle à front bastionné est construite au Fort Carré avec des angles en forme d’étrave de navire utilisant la tour St Laurent. Ce sont les mêmes caractéristiques qu’à Villefranche avec fortifications conçues en fonction de l'artillerie.
Les rempartsdu front de mer sont aménagés. On édifie aussi bastions et redans autour de la ville ; celle-ci comporte plusieurs portes. Ces fortifications terrestres seront rasées aux siècles suivants pour permettre l'expansion de la ville.
De l’autre coté du Var, les forts bastionnés du MontAlban et de la citadelle de Villefranche sont édifiés pour fortifier Nice. Les Niçois sont chassés de la ville haute, fortifiée avec sa citadelle et s’installent dans la ville basse.
Après avoir été le centre d’une puissante congrégation, Lérins a déchu. La discipline y est totalement relâchée. On réforme l’abbaye en la démettant de la commende et en la réunissant au MontCassin.
Avec le 16ème siècle commence pour Lérins et pour l’Eglise une longue décadence; certains chanoines se livrent à la débauche et à des traficsd’argent.
La population de Cannes croît et ses prétentions augmentent ; l’abbé commendataire de Lérins accorde des concessions aux Cannois.
La population augmente dans les hameaux du Cannet, dont le nombre atteint la dizaine à la fin du siècle. Une église est édifiée en terrain neutre, symbolisant la fusion des ensembles familiaux et la volonté d'unité ; un hameau s’édifie alentour. La famille des Calvy sera un important propriétaire foncier. Le Cannet est rattaché à Cannes, mais entre les habitants de Cannes, négociants tournés vers le commerce maritime, et Cannetans, ruraux travaillant la terre, les rapports sont difficiles : exclusion des affaires, injustices, humiliations, brimades, … Bientôt les Cannetans obtiennent un arbitrage de leur seigneur sur les différents qui les opposent aux Cannois et un accord leur donne largement satisfaction. Ils obtiennent privilèges, libertés et franchises.
Vence connaît alors plusieurs évêques illustres : AlexandreFarnèse qui deviendra un pape renommé, Guillaume le Blanc‚ qui obtient l'union éphémère des évêchés et n'engendrera que des discordes. La cathédrale est profondément remaniée et possède alors cinq nefs. Le trésor renferme un manuscrit en écriture gothique.
Les Guerres de religion éclatent, provoquées par la Réforme, qui aboutiront à l’Edit de Nantes. L’unité de la foi était alors considérée comme garante de l’unité du royaume.
CharlesIX est le fils d’Henri II et CatherinedeMédicis ; celle-ci exerce le pouvoir effectif durant tout le règne avec les Guises. A l’instigation de sa mère, Charles IX ordonne le massacre de la StBarthélemy. Mais dans la région, rien ne se passe ; les Protestants n’inspirent aucune crainte et les ordres de Charles IX ne sont pas exécutés.
Henri III, est cultivé et entouré de « mignons ». La paix signée avec les Protestants provoque la formation de la Ligue menée par Henri de Guise. Le roi louvoie entre les partis puis fait assassiner le duc de Guise à Blois et se rapproche d’Henri de Navarre (le futur Henri IV), mais il est tué par un moine fanatique.
La peste éclata à Cannes par un navire arrivé du Levant; la « contagion » se propagea ensuite lentement dans toute la Provence; elle dura sept ans. Elle enleva à Nice la moitié de la population et à Grasse près de 6.000 habitants.
La Ligue éclate en Provence en 1584 avec le comte de Carcès et le baron de Vins du parti des Guises. Il y a trois partis en Provence : les Royalistes d’Henri III, les Protestants d’Henri de Navarre et les Ligueurs d’Henri de Guise. Les guerres de la Ligue voient la prise d’Antibes et le siège de Grasse par les Carcistes du baron de Vins. Mais le chef des Ligueurs est tué. Il s'ensuit une canonnade d’une semaine, dont les traces sont encore visibles ; la dure occupation par une garnison savoyarde durera cinq ans. Les villages alentour auront beaucoup à souffrir des « pilleries » des troupes savoyardes. Les villes sont reprises aux Ligueurs et sesoumettent au roi de France, Henri IV.
Vence reste fidèle au catholicisme, mais son seigneur, déjà orienté vers la Réforme, se met au service des armées protestantes. Son fils est parmi les troupes qui viennent vainement donner l'assaut à la cité. Sur une des portes, une inscription rappelle le siège conduit par le chef des Protestants. Puis la paix revient. Cannes sera successivement occupée par les troupes auxiliaires de Savoie, les troupes royales et les ligueurs.
Philippe II d’Espagne est le fils et successeur de Charles Quint. Grand défenseur du Catholicisme, il soutient la Ligue contre Henri III et Henri IV.
Henri IV met fin à la dynastie des Valois et instaure celle des Bourbons. Il épousera Marguerite de Valois puis Marie de Médicis mais eut une vie sentimentale mouvementée. Après avoir abjuré le protestantisme il se fait sacrer roi à Chartres et entre dans Paris. L’Edit de Nantes instaure la paix religieuse et accorde aux Protestants le droit de célébrer leur culte. La Paix de Vervins met fin à la guerre avec les Espagnols. Henri IV prend la Savoie pour protéger ses frontières. Un régime d’autorité et une économie saine relèvent le pays de ses ruines grâce à l’aide de Sully.
De nouveaux ordres religieux apparaissent : Cordeliers,Observantins, Capucins, Carmes et Recollets .
A la Garoupe, une nouvelle église est construite par les Cordeliers à coté de l’église primitive. Le Christ gisant en bois de tilleul est présumé du 16ème siècle.
Dans l’ancienne cathédrale de Vence, le grand Christ en souffrance à l’expression émouvante, daterait de la fin du 16ème siècle. Un reliquaire en cuivre ciselé porte les armoiries des seigneurs de Vence.
Les Cordeliers d’Antibes commandent à Antoine Aundi un retable dans lequel on reconnaît Antibes, son château et une galère au loin. Un autre retable d’Aundi, la Pieta d'Entrevignes date de cette époque.
Le retable du Rosaire, attribué à Louis Bréa, montre Notre Dame du Rosaire tenant ses enfants serrés dans son manteau : gens d'église à sa droite et gens du monde à sa gauche. Ce thème diffusé par la confrérie du rosaire se développe au 16ème siècle et se retrouve dans divers endroits de Provence orientale et de Ligurie italienne.
Le Concile de Trente tente de concilier Protestants et Catholiques, mais sous l'influence des Jésuites, le Concile refuse d'accorder aucune concession aux Protestants, combat les abus, précise le dogme avec l’aide de l’Inquisition, les Jésuites ; il inspire les envolées de l’art baroque.
Partout en Provence se développent les pénitents, qui se réunissent en confréries pour remplir certains devoirs de dévotion et de charité, ensevelir les morts, .. et portent la cagoule. Elles prennent une grande importance dans le climat de ferveur populaire de la Contre-Réforme. Les tailleurs d'Antibes ont leur chapelle des Pénitents Bleus ; une autre chapelle abrite les Pénitents Blancs. Le portail est surmonté d'une tête de Lucifer; la façade porte des silhouettes de Pénitents avec leurs cagoules. A Grasse, on trouve les chapelles des Pénitents Noirs et des Pénitents Blancs.
A Vence, la chapelle des Pénitents Blancs à coupolette à tuiles vernissées polychromes, a une origine plus ancienne. La confrérie de la Miséricorde remonte au moins au 13ème siècle et la situation sociale de ses membres dépassait celle des Pénitents Noirs ; une certaine rivalité les séparait dans les honneurs.
A Cannes, la chapelle de la Miséricorde au clocher de tuiles vernissées, est la chapelle des Pénitents Noirs. Il y avait aussi les Pénitents Bleus du Portissol et les Pénitents Blancs du Cannet. On trouve aussi des chapelles de Pénitents dans tout l’arrière pays.