La Provence orientale au 11ème siècle

A la mort de Rodoard, son fils, Guillaume Gruetta reçoit une partie de la région de Grasse. Devenu moine, il les lègue à Lérins. « Canua » est alors mentionné dans un texte. A la même époque, le Cartulaire de Lérins énumère les possessions de l’abbaye. Le fils aîné de Rodoard, Gauceran, devient second seigneur d’Antibes ; il reçoit du comte de Provence l’autre moitié du diocèse.
Grasse est mentionné dans un acte de l’Abbaye St Victor qui montre le lieu comme fortifié occupant la plate-forme du Puy. Grasse devient bientôt une capitale régionale, siège du pouvoir militaire. Antibes apparaît peut être à cette époque dans les textes. Au 11^ème siècle, les descendants de Rodoard tiennent Antibes et Grasse sous diverses formes; Cannes devient le domaine de Lérins. A Vence, les seigneuries apparaissent aussi dans les textes. Les enfants de Rodoard se marient avec les seigneurs de l'arrière-pays.

Au 11^ème siècle, la société provençale est disloquée ; l’insécurité est bientôt à son maximum, les guerres entre seigneurs sont fréquentes. Les premiers châteaux s’édifient sur les hauteurs, parfois sur d’anciennes enceintes ligures, tenus en général par des « castlans ».



Un flot de donations pieuses enrichit Lérins qui comprendra une quarantaine de prieurés et fiefs dans l’arrière pays.  Aldebert 1er, évêque d’Antibes, est l’instigateur de nombreuses donations à Lérins, qui sont en fait des restitutions.

Cannes comprend la petite fortification du Suquet, le petit port de pêche et quelques maisons, ainsi qu’une « villa » agricole que les moines possédaient. La tête de pont de Lérins est près de la Bocca avec castrum et port.

Guillaume Gauceran, petit-fils de Rodoard et troisième comte d’Antibes, semble établir sa résidence à Grasse. Il aura quatre fils dont Raimbaud, quatrième comte d’Antibes, qui sera le premier à porter de façon continue le titre de « De Grasse ».

 En 1032, Rodolphe III roi de Bourgogne-Provence,  lègue son royaume à l’empereur germanique Conrad III le Salique. Le royaume de Bourgogne-Provence est ainsi incorporé au St Empire Romain Germanique.

La seigneurie banale apparaît dès le milieu du siècle, ainsi que la chevalerie; il est possible que les premières gardes des châteaux entourant Grasse aient été confiées à des chevaliers.
 Vers la fin du siècle, l’activité économique renaît; le travail de la terre, des artisans, le commerce maritime reprennent ; les villes grandissent, la démographie progresse.



Près de la Bocca, le port a pris de l’importance ; les substructions d’un château ainsi que traces d’une une grande salle voûtée avec une grand mur a contreforts ont été retrouvées. Des moulins étaient situés  plus au nord ; un contrepoids de moulin subsiste encore. La « villa », exploitation agricole du domaine lérinien, était sans doute situé en contrebas. Le port était à peu de distance avec digue de protection. Néanmoins, le littoral connaît un envasement et le site se retrouve plus éloignée du littoral. Un concurrent direct apparaît alors avec le port de Cannes.

Vers la fin du siècle, Aldebert II, abbé de Lérins débute la construction des tours de Lérins et du Suquet. Leur appareil en bossage très postérieur au 11^ème siècle, intrigue. On devrait également à Lérins à la même époque, la tour du château de San Peyre proche du rivage. La tour carrée de l’horloge au Suquet servit de clocher ; la porte à gros blocs semble être le reste de la première enceinte. De très bonne heure, la réputation de Lérins lui valut d’être une nécropole privilégiée. On y amenait en barque les corps des défunts désireux de reposer « ad sanctos ».

A Vence, une nouvelle église est érigée au 11^ème siècle, exemple du premier art roman. La partie supérieure des anciens bas-côtés est restée intacte avec voûtes en berceau; la nef sans transept est également un témoin du premier art roman. La Place du Peyra est l’ancien « forum ».
Les évêques font leur résidence dans une église proche. Les droits seigneuriaux de l'évêque sur la ville sont partagés dès le 11^ème siècle divers coseigneurs laïques.

Avec Louis VI le Gros vers la fin du siècle, les rois de France affermissent leur pouvoir en Ile de France.

 
La Première croisade est décidée par le pape : d’abord croisade populaire mal organisée et massacrée, puis  croisade des barons, commandée par Godefroi de Bouillon aboutissant à la prise de Jérusalem. Il y aura 8 croisades de la fin du 11^ème à fin 13^ème siècle.